Les bombes à retardement du Yémen : le supplice des écoliers

27 Novembre 2012



Honoré par l’Union Européenne et les États-Unis pour sa « transition pacifique et si ordonnée du pouvoir », le Yémen était en 2011 le pays de la « révolte démocratique »… Pourtant, le « trop-oublié » fait aujourd’hui face à des menaces militaires. Retour sur une révolution qui a fait des militaires l’arme de la libération et des civils les proies de la destruction.


Les bombes à retardement du Yémen : le supplice des écoliers
Inspiré par le printemps arabe, le Yémen a lui aussi créé sa révolte. La révolution tue par les médias se poursuit encore à Sana’a et dans les autres villes yéménites. « Irah » (dégage !) était le maître mot de la contestation ayant d’abord enrôlée la jeunesse puis convaincu les autres citoyens. Le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a renoncé au pouvoir il y a maintenant un an. Il a signé le mercredi 23 novembre 2011, l'accord de transfert du pouvoir qu’il relaiera par ailleurs au vice-président, Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui devra former un gouvernement d'union nationale et élaborer une nouvelle Constitution d’ici 2013.

Alors qu’Human Rights Watch, principale ONG pour la protection des droits de l’Homme s’est rendu début 2012 dans les écoles ayant été prises à partie par les militaires de l’opposition, l’organisation a constaté que l’armée exerçait toujours un contrôle dans chaque lieu d’éducation de la région. Les professeurs assuraient leurs cours alors que des hommes armés électrocutaient les opposants. La récréation ? Les élèves vivaient dans la hantise de voir un autre homme battu et torturé devant eux. Selon un rapport d’Human Rights Watch, qui explique le faible taux de scolarisation à l’époque, les étudiants étaient très effrayés tout comme leurs parents. L’idée d’éducation, pensée avec la boule au ventre, était loin de les enchanter. Shadi, étudiant de 18 ans en 8eme année à l'école Soqotra, qui a été occupée par une milice tribale pro-gouvernementale, déclare : « La caserne militaire nous terrifiait, et les étudiants ne venaient pas à l'école car nous nous attendions à ce que n’importe quoi puisse arriver. »

Les bombes à retardement du Yémen : le supplice des écoliers
Le 21 octobre 2011, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution sur le Yémen dans laquelle il condamne fermement "les violations persistantes des droits de l’Homme commises par les autorités yéménites, dont l’emploi excessif de la force contre des manifestants pacifiques". Que dirait aujourd’hui le Conseil de Sécurité de l’ONU face à la forme exhibitionniste que prend la torture et son impact sur la psychologie infantile ?

Selon le rapport d’International Crisis Group sur le Moyen-Orient, il est nécessaire d’avoir une capacité militaire sur les régions yéménites particulièrement depuis qu’Al Qaïda a tenté d’en prendre le contrôle, mais à quel prix ? Alors que l’Examen Périodique Universel (EPU) se prépare à sa pré-session du 28 au 30 novembre 2012, on pourrait se demander pourquoi la révision du pays à majorité musulmane sunnite doit encore attendre un an. Le jugement, c’est maintenant.

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Florence CARROT
Etudiante en sciences politiques à l'Université Lyon 2 et ayant la chance de passer un an en Inde,... En savoir plus sur cet auteur